La Parisienne est née, il y a 20 ans, de la volonté d’un homme de vouloir faire courir les femmes. En effet, dans un paysage de courses dédiées aux hommes, Patrick Aknin a proposé une course à pied uniquement féminine. Cela paraît banal aujourd’hui à l’heure où la folie du running envahit la France. Anne Hidalgo dit de lui qu’il a été visionnaire. A travers cette action, il a voulu œuvrer pour l’égalité des sexes. Cette volonté est le fondement de la rencontre entre La Parisienne et l’initiative mondiale HeForShe lancée par ONU femmes en 2014. L’égalité des sexes n’est pas une question cloisonnée à un sexe mais bien une approche inclusive avec les femmes et les hommes.

Depuis 2004, La Parisienne fait courir les entreprises. En 2015, elles étaient près de 800 soit plus de 22 000 coureuses. Ce succès traduit la volonté des dirigeants des entreprises de valoriser le sport au féminin. Néanmoins la pratique du sport en entreprise reste encore peu soutenue. Elle apparait pourtant comme une des clés de l’équilibre vie privée/vie professionnelle. Les femmes et les hommes doivent être impliqués pour faire avancer les mentalités et les pratiques. Nous avons besoin d’exemplarités des Directions et des décideurs – souvent des hommes ! – pour permettre de faire de la pratique du sport en entreprise une réalité. Les questions d’équilibre de temps de vie et de parentalité en entreprise ne pourront avancer sans l’implication des hommes. La vocation d’HeForShe fait donc écho à notre action.
Céline Mas, responsable de la communication d’ONU Femmes répond à nos questions sur cette collaboration.

Pouvez-vous nous présenter l’action d’ONU Femmes ?

En juillet 2010, l’Assemblée générale des Nations Unies a créé ONU Femmes, entité pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes qui est présente dans 90 pays à travers le monde. Le Comité ONU Femmes France, association loi 1901, réunit des femmes et des hommes volontaires de différents secteurs d’activité (privé, associatif et institutionnel) qui, ensemble, s’engagent en faveur des droits des femmes et de la promotion de l’égalité femmes-hommes. Il développe des actions de plaidoyer, d’éducation et de sensibilisation du public. Parmi ses domaines d’action : la lutte contre la violence faite aux femmes, l’égalité professionnelle et indépendance économique, la participation des femmes aux espaces de décisions. Il se fait également le relais des campagnes internationales menées par ONU Femmes.
Pour aller plus loin : http://www.onufemmes.fr/

article_heforshe_celine_masQuelle est la vocation d’HeforShe ?

Créée par ONU Femmes, HeForShe (H4S) est une initiative mondiale pour que les hommes et les garçons s’engagent dans la suppression des barrières sociales et culturelles qui empêchent les femmes et les filles de réaliser leur potentiel, et pour que nous repensions ensemble et positivement la société.
Depuis son lancement aux Nations Unies, le 20 septembre 2014 en présence de son ambassadrice d’Honneur, Emma Watson – des centaines de milliers d’hommes dans le monde, y compris des chefs d’états, des PDG, et des sommités internationales de tous horizons, se sont engagés dans la promotion de l’égalité des sexes. Au cours des derniers mois, HeForShe a été le sujet de plus de 1,2 millions de conversations sur les réseaux sociaux aux quatre coins du globe ! Notre but ambitieux est de sécuriser l’engagement d’un milliard d’hommes dans le soutien de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes en commençant par la signature d’une promesse, puis en s’engageant plus personnellement à travers une action spécifique qui contribuera au changement social.

En quoi consiste la collaboration avec La Parisienne ?

En 2015, 42 hommes ont inscrit leur entreprise au Challenge Entreprise. HeforShe leur propose un défi plus engagé à l’occasion de la 20ème édition, en reprenant l’idée que c’est en avançant ensemble, femmes et hommes unis, que l’égalité des sexes progressera plus rapidement et de manière plus décisive.

Pouvez-vous nous expliquer le principe de l’équipe HeforShe ?

Cette équipe est composée d’hommes et décideurs qui s’engagent pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes en étant dans la course, au sens sportif du terme, mais aussi au sens plus figuré, dans leurs organisations via des actions concrètes.
Quelles sont les actions que vous avez déjà menées auprès des entreprises ?
Le Comité accompagne des entreprises dans le déploiement de la campagne HeForShe en interne pour en faire un outil d’accompagnement de leur politique d’égalité entre les femmes et les hommes. Nous avons travaillé avec une dizaine d’entreprises depuis le lancement de HeForShe en France en mars 2015. Des membres du Comité sont intervenus lors des événements de lancement pour sensibiliser à l’égalité femmes-hommes autour des 7 principes d’autonomisation des femmes, les WEP. http://www.onufemmes.fr/simpliquer/devenir-partenaire/
Nous avons aussi associé plusieurs dirigeants d’entreprise à notre campagne photo officielle H4S : Jacques Attali (Planet Finance), Jean-Laurent Bonnafé (BNP Paribas), Eric Lombard (Generali), Stéphane Richard (Orange), Denis Olivennes (Lagardère Active), Bris Rocher et Jacques Rocher (Groupe et Fondation Yves Rocher).
De plus, dans le cadre de l’initiative Impact 10x10x10, mouvement pilote qui vise à engager dix gouvernements, dix entreprises et dix universités en tant que puissants leviers pour l’égalité des sexes, le Comité a accompagné AccorHotels, Schneider Electric et Sciences Po dans la réalisation de leur dossier de candidature.

Pensez-vous que le sport soit également un reflet des inégalités hommes/femmes ?

Oui, c’est une réalité. Qu’il s’agisse par exemple de la proportion de femmes dans le sport de haut niveau, des salaires dans le sport ou de la présence médiatique du sport féminin, les femmes n’ont pas les mêmes chances que les hommes. Il y a par ailleurs dans la pratique quotidienne du sport une inégalité criante : une femme qui consacre en moyenne 1h30 de plus par jour aux tâches domestiques (Source Observatoire des inégalités 2016) aura moins d’opportunités de se prêter à la pratique assidue d’un sport car elle aura d’autres activités à mener de front et dans un examen rapide, celui-ci pourra être considéré comme moins prioritaire.

Quel est le contenu de votre campagne de communication « Femmes et Sport » ?

Cette campagne vise à mettre en lumière le rôle central du sport pour autonomiser les femmes car il permet de développer leur leadership, de surmonter les préjugés, d’améliorer leur santé et de les aider à devenir pleinement autonomes. Il constitue également un moyen privilégié de réunir celles qui, autrement, pourraient être isolées à la maison. A ce titre, le sport est reconnu comme partenaire important du développement durable par ONU Femmes.
2016 marque, en outre, la 21ème année du Programme d’action de Beijing, lors de la quatrième conférence mondiale sur les femmes, qui déjà allait dans ce sens. Pour poursuivre l’action, ONU Femmes travaille en étroit partenariat avec le CIO. Avec l’adoption de l’Agenda olympique 2020, ce dernier a récemment réaffirmé son engagement en faveur de l’égalité des sexes, en renforçant notamment son soutien aux athlètes et en signant des partenariats stratégiques dans le cadre de sa coopération de longue date avec l’ONU et ses différentes agences.