Rencontre avec Kathrine Switzer, première femme à participer officiellement à un marathon et à arriver au bout, celui de Boston en 1967. Elle s’est inscrite sous le nom K.V. Switzer, les organisateurs ont alors pensé qu’il s’agissait d’un homme.

Kathrine Switzer est la 1ère femme à participer officiellement à un marathon et à arriver au bout, celui de Boston en 1967. Ces courses étaient alors interdites à la gente féminine estimée trop fragile pour fournir de tels efforts. C’est sous le nom K.V. Switzer que Kathrine a pris le départ, capuche sur la tête, accompagnée de son mari et de quelques amis qui ont su la protéger lorsque le directeur de course tenta de l’expulser violemment de la course. Et oui, avec un tel nom les organisateurs ont cru que c’était un homme !

Kathrine fini le marathon en 4h20, ouvrant ainsi le débat pour l’accès aux femmes sur les marathons. Pour cette édition anniversaire de La Parisienne, Kathrine Switzer a accepté d’être la marraine de la plus grande course féminine européenne et de courir aux côtés des 40 000 Parisiennes le 11 septembre 2016.

Kathrine, quelle a été votre première réaction quand vous avez été contacté pour participer à La Parisienne ?

Cette invitation m’a vraiment enchantée et motivée pour plusieurs raisons.Tout d’abord, Paris est pour moi la plus belle ville du monde. J’aime cette ville plus que mon propre quartier de New York ! Ensuite, La Parisienne représente pour moi la suite de l’une de mes courses que j’ai débuté en 1980 à Paris. C’est magnifique de voir que les courses féminines ont continué à prendre de l’ampleur ! Et pour finir, le plus fou c’est que je suis devenue une athlète Reebok en janvier dernier et quand j’ai su que Reebok était le partenaire de La Parisienne, j’ai été ravi ! Ma participation à La Parisienne sonnait comme une évidence.

Switzer,BEST, knees up holding bibAvez-vous déjà couru à Paris ?

Je suis venue à Paris de nombreuses fois et évidemment, dès que j’y suis, j’en profite pour courir ! Certaines de mes plus belles histoires de running se sont passées sur les berges de la Seine, aux Tuilleries et surtout dans la rue Saint Honoré où de bon matin, je peux contempler les magnifiques vêtements à travers les vitrines. Et quand j’ai le temps entre deux rendez-vous, je peux revenir et essayer quelque chose de joli sans prendre trop de temps à faire du shopping ! Mais plus important encore, j’ai organisé les premières courses féminines en France avec plusieurs événements finaux à Paris. A cette période, les courses étaient toutes sponsorisées par Avon qui était la plus grande marque de cosmétiques au monde.

Ces courses faisaient partie d’une série de courses féminines que nous avions dans 27 pays. Elles ont permis d’installer officiellement le Marathon féminin aux Jeux Olympiques de 1984. (Peut-être que vous avez vu le nouveau documentaire « Free to run » ? Je suis une des personnalités principales du film et je raconte cette histoire ! Je parle même en français ! Enfin un peu …). Les courses étaient à Lille, Strasbourg et Bordeaux avec une finale à Paris. C’était en 1980, 1981, 1982, 1983 et en 1984, nous avons organisé le premier marathon féminin à Paris ! C’était fantastique, c’était le premier marathon qui passait par le centre de Paris et je pense qu’il a été précurseur du marathon de Paris aujourd’hui.

Pourquoi aimez-vous tant courir ?

J’ai couru des centaines de courses et 39 marathons. La plus grande course féminine que j’ai faite était celle de Vienne en Autriche avec 35 000 participantes. J’ai toujours voulu en faire une à Paris donc ça va vraiment être génial ! Je vais aussi courir le marathon de Boston en 2017.
Je dirais que le running m’a apporté les choses essentielles dans ma vie. Courir m’a permis d’être en bonne santé, d’être libre, de me libérer de mes peurs, de rencontrer mon mari, de développer ma créativité et ma religion mais surtout, courir m’a donné confiance en moi. Voilà pourquoi je cours tous les jours ! Peu importe ce qu’il se passe dans la journée : je cours ! Courir me procure une victoire personnelle que personne ne peut me prendre et qui le plus souvent, vient à moi.

Vous courrez La Parisienne cette année avec le même dossard que celui que vous aviez en 1967. Qu’est ce que vous ressentez ?

Je suis vraiment fière de ce dossard numéro 261. J’ai vraiment dû m’entraîner et me battre pour garder ce numéro. Nous sommes toutes des femmes « 261 » car il nous est toutes arrivé au moins une fois dans notre vie, de nous sentir exclue à cause de notre religion, de notre couleur de peau ou autre. Mais on avance malgré tout et on ressent moins de peur. Le numéro 261 est devenu un symbole de liberté et j’en suis vraiment très fière. La création de la fondation « The 261 fearless foundation » a permis de soutenir les femmes sportives du monde entier face à leurs peurs.

Quel message souhaitez-vous passer au coureuses de La Parisienne ?

Je souhaite qu’elles se rendent compte que courir a transformé leurs vies, leur a donné de la joie, de l’accomplissement personnel, de la fierté et du courage ! Et j’espère qu’elles transmettront cette passion à d’autres femmes pour développer cette révolution sociale qui se passe actuellement en France et aux Etats-Unis, dans d’autres pays grâce au running.

A voir : le film Free to Run pour revivre en images l’épopée de Kathrine Switzer et se cultiver sur l’histoire du running ! Il sera en vente en avant première sur la boutique La Parisienne !