Rencontre avec Sarah Ourhamoune, boxeuse française, poids mouches femmes -51 kg

Participer aux Jeux Olympiques pour une athlète, c’est un rêve qui devient réalité. Quel état, quelle force, quelles émotions procurent cet accomplissement ?

Participer aux Jeux Olympiques est un rêve d’enfant. C’est l’aboutissement de 20 ans de carrière…

Je me suis qualifiée au mois de mai dernier en devenant numéro 3 mondiale dans la catégorie des poids mouche. C’était tout d’abord un immense soulagement car échouer aurait été très compliqué à encaisser. Et très vite, ce fut l’explosion de joie.

Comment arrive-t-on à s’endormir la veille d’une compétition décisive dans sa carrière ? Sa vie ? 

La veille d’une compétition, l’endormissement est toujours un peu plus long. On imagine tous les scénarios possibles. Depuis plusieurs mois je suis suivie par un préparateur mental. J’ai des séances de relaxation qui m’aident à me détendre et à m’endormir.

Comment va se passer le jour de votre entrée dans la compétition ? Allez-vous anticiper chaque étape, presque chaque geste que vous allez faire du lever à l’entrée sur le ring ?

Les grosses compétitions se déroulent sous forme de tournoi où nous boxons tous les jours. Il faut gagner son combat du jour pour passer à l’étape suivante.

Dès le réveil, nous avons des protocoles à suivre : contrôle des accréditations et passeports, pesée et visite médicale. Ensuite, arrivent les tirages au sort. C’est le moment le plus stressant dans une compétition. C’est là qu’on découvre son tableau et ses adversaires.

Une fois que l’on sait qui on boxe et à quel moment, on s’organise pour travailler la stratégie avec son coach. Très souvent nous utilisons des vidéos des adversaires. En général, les combats ont lieu dans l’après-midi et en soirée. Ce qui laisse le temps de faire une petite sieste et de préparer ses affaires pour le combat.  

Avez-vous un « refuge », des « parades » pour gérer le stress, l’empêcher de vous figer ?

Pour gérer le stress, je fais de la sophrologie et je répète des gammes techniques que je maitrise par cœur. Ça m’aide à être concentrée sur mon jeu et non sur l’enjeu de la compétition.

En quoi les JO à Paris en 2024 pourraient faire évoluer la pratique du sport pour les femmes ?

Le sport féminin manque de médiatisation et de sponsors. Ce sera l’occasion de mettre en avant nos championnes françaises.  Il faut soutenir le sport de haut-niveau féminin et médiatiser les sportives pour donner envie et pour faire évoluer les mentalités. Nous savons que les jeunes ont besoin de modèles pour rêver et s’identifier. Cette candidature sera un levier important pour le sport féminin ! Je le dis d’autant plus facilement que je sais que le Comité de candidature accorde une importance capitale à l’héritage que laisseront les Jeux en France après 2024 : ils seront notamment un moyen d’accorder plus de moyens au développement du sport. On pense notamment à promouvoir au maximum le sport pour les femmes.